Phare du Borgot, le récit pour évoquer le temps. Aux îles de la Madeleine

Le récit pour évoquer le temps

Réciter au passé, réciter au présent ou réciter au futur n’est pas la question, mais pourquoi on récite? L’action de réciter est une communication qui porte un sens propre. Le pourquoi et le pour qui, sont les effets projetés de son désir. Le récit suggère une attention, comme l’enfant qui tend les bras pour se faire envelopper du corps de sa mère. L’attention manifestée par l’écoute, le regard, la parole, l’odorat, la main sur l’épaule, ensemble ou individuel, toutes ces actions sont nécessaires afin que le récit porte son énergie. Sinon en boucle, il tourne dans la tête, c’est la spirale infernale qui mène tôt ou tard à l’impasse. Vecteur important du récit, le corps traduit l’impasse en maux. C’est le refuge du récit, puisque craché dans le vide pendant trop longtemps, il prend pour niche le corps et ses masses en otage. Les graisses, les nerfs, les tendons, l’intestin, le cœur, les poumons, la gorge nouée et tout ce qui se brise l’un après l’autre. Ce sont les symptômes de l’incompréhension, la trahison tardivement perçue. Bizarrement, c’est un calme après les tempêtes, un soleil derrière les nuages, d’autres raconteront que c’est le dieu parmi les dieux parce qu’enfin ils ressentent quelque chose. Mais tant que je serai vivant, je souhaite ardemment qu’à la fin de mon temps, qui s'écoulant sans arrêt, il ait été une addition de chaque moment précieusement vécu et raconté en récitant. Parce que la valeur du récit est inestimable, un placement garanti à court, moyen et long terme. Celui dont cherchent de nos jours les affamés de l’éternité. Le récit aura sa propre vie et ne sera pas dans l’oubli parce qu’il s’imprégnera en ceux qui accompagnent et qui survivront comme nos amours, nos enfants et nos petits-enfants.

Tiens, ça me fait penser à la conversation avec mon amie hier soir!
Merci mon amie
Merci les îles
Merci la mer

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